Comment faire des économies en engrais ?
Les 3 leviers principaux
1 - Prendre en compte les apports des effluents
Tous les effluents d’élevage permettent un apport d’azote minéral plus ou moins important selon le rapport C/N. La rapidité de disponibilité en azote est donc liée au niveau de paille de l’effluent. Ainsi un fumier va libérer entre 10 et 30% d’azote minérale (donc directement assimilable par la plante), le reste sera utilisé pour la production de matière organique stable (humus).
Un lisier peut libérer quant à lui entre 50% et 70% d’azote minérale. 100% de la potasse contenue dans les effluents est assimilable au même niveau que de la potasse minérale. Pour le phosphore il est assimilable à 80% de la teneur des effluents bovins.
Exemple pour 30m3 de lisier de bovin lait :
Soit pour un apport de printemps sur maïs de: 54 UN, 108 UK, 36 UP = 263€ (avec application d’un coefficient d’efficacité à 50% pour l’azote et au tarif de l’engrais janvier 2022).
2 - Comprendre le fonctionnement du sol pour bien positionner les apports
3 points essentiels à comprendre :
- La matière organique fraiche (qui provient des effluents et résidus de culture) du sol permet la libération d’éléments fertilisants : azote minéral (NO3- et NH4+), Phosphore (PO43-), Potasse (K+), grâce au travail des micro-organismes du sol (d’où la nécessité de travailler à maintenir la fertilité biologique des sols également).
- L’humus : provient d’une partie de la MO fraiche, c’est la MO stable, il permet de former le complexe argilo-humique et subit également la minéralisation qui permet la libération des éléments fertilisants.
- Le complexe argilo-humique (CAH) : L’humus et l’argile se lient grâce aux ions calcium. Il permet donc d’améliorer la stabilité structurale du sol. Il permet de retenir les éléments fertilisants.
Ce complexe est chargé négativement, il retient donc les éléments chargés positivement. Ainsi l’azote minéral sous forme nitrate NO3-, n’est pas retenu par le CAH et est très lessivable d’où la nécessité de bien positionner les apports d’azote minéral, au plus près du besoin de la plante ou à minima sur un couvert végétal.
L’azote minéral étant très lessivable, plus sa part dans l’effluent est importante plus il risque d’être lessivé.
En sortie hiver, il faut donc privilégier les apports de fumier pailleux et apporter les lisiers plus tardivement ou sur des sols couverts.
A noter que le phosphore PO43- est également lessivable mais moins que l’ion nitrate car il peut se lier au Ca2+ du CAH.
Par contre, il faut apporter du calcium pour favoriser la formation des CAH et favoriser la retenue des éléments fertilisants comme NH4+, K+.
3. Chauler pour améliorer la fertilité du sol
Pourquoi chauler ?
Le calcium permet la formation du CAH et il peut également se lier au CAH car chargé positivement. L’ion Ca2+ a des liaisons faibles avec le CAH ce qui permet de laisser la place très facilement aux éléments fertilisants comme le NH4+ ou le k+ qui sera ensuite absorbé par la plante.
Si le sol est trop acide, ce sont les ions H+ qui dominent. Ces ions ont la capacité à se lier très fortement au CAH, ainsi ils ne laissent pas la place aux éléments fertilisants qui sont ensuite lessivés.
L’augmentation du pH permet une augmentation très nette de l’assimilation des éléments nutritifs.
Comment et quand chauler ?
Il existe 3 types principaux de produits disponibles :
- Carbonate de calcium naturel = sable calcaire = CaCO3
- Carbonate de calcium et de magnésium naturel = MgCO3
- Chaux vive (Calcaire cuit) = CaO
La valeur neutralisante tient à la teneur en CaCO3, MgCO3 ou CaO. Beaucoup de produits vendus contiennent d’autres éléments qui ne sont pas utiles pour chauler.
L’achat de carbonate de calcium simple est donc vivement recommandé, et beaucoup moins cher !!
Sur un substrat non calcaire, ce qui représente la presque totalité des sols du département, le chaulage régulier est indispensable.
ATTENTION à l’utilisation de la chaux vive, elle assainie le sol (réduit donc l’activité biologique) et consomme la matière organique. Elle est donc a utilisée ponctuellement (150 à 200 kg/ha*) si et seulement si le pH < 5 à et le MO > à 2%.
Dans tous les autres cas, le carbonate de calcium et/ou de magnésium (attention à l’excès de magnésium) joue très bien son rôle :
- En entretien de fond : 2 T/ha tous les 3 ans*
- Pour relever le pH : 3T/ha tous les ans jusqu’au niveau de pH souhaité*
*valeurs indicatives, a adapter en fonction de l’analyse de sol.