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Une conférence sur la gestion des forêts au Salon de l'agriculture

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Vendredi 10 mars dans le cadre du Salon régional de l’agriculture de TARBES, la Chambre d’agriculture a accueilli Marie CHARRU, maître de conférence en sylviculture et aménagement forestier, rattachée au laboratoire INRAE UMR Interaction Sol–Plante-Atmosphère et enseignante à Bordeaux Sciences AGRO, pour parler de la gestion forestière dans un contexte d’incertitudes climatiques et de tensions socio-économiques.

En introduction Robert SANS, élu et référent forêt à la Chambre d’agriculture des Hautes-Pyrénées a rappelé les différentes actions que mène la Chambre pour accompagner les propriétaires forestiers agriculteurs qui souhaitent mettre en valeur leurs parcelles boisées. Il a aussi indiqué que la production de bois est aujourd’hui soumise à des formes diverses de pressions (climatiques, économiques, sociétales) qui obligent à repenser les modes de gestion.

 

C’est ce à quoi Marie CHARRU a développé pendant près de 1h30 à une quarantaine de participants en commençant par rappeler les différents services qu’apportent les forêts à la société. Puis elle a dressé un état complet du contexte dans lequel poussent les forêts fortement impacté par les effets du changement climatique.

 

DES SECHERESSES PLUS FREQUENTES

Les épisodes de sécheresse récurrents que connait notre pays depuis une vingtaine d’années entrainent un ralentissement de la croissance des arbres qui peuvent dans certains cas les conduire à leur mort. De plus, ce dérèglement climatique provoque de fréquentes tempêtes (1999, 2009), des incendies, même dans des massif épargnés jusque-là. Ces catastrophes engendrent d’énormes travaux couteux de nettoyage et de reconstitution.

De plus cette succession de sécheresse rend les arbres plus fragiles et donc plus sensibles aux ravageurs (chalarose du frêne, scolytes des épicéas…)

Il est à noter que les prédictions du GIEC sur l’évolution des températures pour les années futures ne sont pas très optimistes.

 

PRESSION SOCIALE SUR LES FORETS ET MALAISE DANS LA FILIERE FORET-BOIS

En parallèle de ces pressions naturelles, la société est devenue ces dernières années de plus en plus attentive à son environnement. Elle demande plus d’espaces naturels et à vivre dans un paysage agréable. Elle s’inquiète donc plus qu’avant au sort des forêts, à tel point d’avoir parfois des réactions violentes à l’égard de certaines pratiques sylvicoles (coupes rases).

Aussi, si on regarde du côté de La filière forêt-bois, on constate que celle-ci est en crise structurelle depuis au moins deux décennies. Les industries de transformation manquent de compétitivités et les politiques forestières de cohérence. Ce qui rend la balance commerciale déficitaire. De plus les métiers du bois n’attirent plus grand monde provoquant une pénurie de bucherons et d’ouvriers sylvicoles.

 

 

 

ALORS QUOI FAIRE ? UNE PALETTE DE D’OUTILS A NOTRE DISPOSITION

Pour répondre à toutes ces conséquences, Marie CHARRU a esquissé les pistes qui se trouvent aujourd’hui à la disposition des sylviculteurs et des gestionnaires forestiers pour faire évoluer la gestion des forêts :

-Faire coïncider l’essence à son milieu. Les essences forestières ont des exigences écologiques. Il est donc primordial de choisir ou favoriser la bonne essence au bon endroit.

-Conduire la migration assistée : la migration naturelle des essences est trop lente pour suivre les évolutions rapides du climat. Il faut alors accompagner artificiellement cette migration.

-Travailler sur la sélection génétique : le principe est de sélectionner des individus plus vigoureux, plus résistants à la sécheresse et à certaines maladies.

-Créer des forêts mélangées : associer des essences différentes dans un même peuplement le rend plus résilient et améliore sa productivité.

- Pratiquer une sylviculture à couvert continue : diversifier les classes d’âges et maintenir la structure irrégulière.

-Créer des réservoirs de biodiversité : laisser des peuplements en libre évolution ou mener une gestion adaptée à leur conservation

-Diversifier les pratiques de gestion sur un même territoire (forêt mosaïque)

 

Enfin, la conférencière à insister sur le fait de rétablir le lien forêt-société. Les enjeux de la forêt doivent être davantage expliqués, les forestiers doivent être plus à l’écoute des attentes de la société et montrer la complexité de la gestion forestière en contexte d’incertitudes.

 

Comme l’a précisé Marie CHARRU en conclusion la gestion forestière de demain c’est une palette d’outils à notre disposition, une diversité de situations et de pratiques, des innovations, beaucoup d’observation et surtout du bon sens.

 

Les discussions se sont prolongées sur le stand institutionnel de la Chambre avec l’ensemble des participants autour d’un verre de nos producteurs locaux.

 

 

Légende photo de la salle :

Marie Charru a présenté la palette d’outils à disposition des propriétaires forestiers et gestionnaires pour réussir l’adaptation des forêts au changement climatique.

 

Légende schéma :

Faciliter l'adaptation des forêts au changement climatique passe par l'introduction d'un nouveau concept : "la forêt mosaïque"